La seconde surprise de l’amour

Théâtre du Petit Saint-Martin

17 Rue René Boulanger, 75010 Paris

Revenant à un théâtre qui fait « une confiance inouïe à la cure par le langage », Françon, a conté cette partition à de jeunes interprètes.

Voilà six mois que la Marquise est en deuil. À quelques mètres de là, de l’autre côté de son jardin, le Chevalier a perdu tout espoir d’épouser son irremplaçable Angélique. La veuve et l’éploré se croient donc voués aux regrets éternels : la comédie peut commencer. L’addition de leurs deux solitudes, en produisant un couple d' »amis », va remettre à leur insu le temps en marche… Le thème comique (l’amour quand on ne l’attendait plus, triomphant de tous les obstacles) pourrait sembler conventionnel. Mais Marivaux sait tirer de la mélodie la plus simple des dissonances inattendues, et de la « répétition de l’unique », écrit Alain Françon, une irrésistible nouveauté. Dramaturge, il sait qu’un personnage ne parle jamais tout à fait d’une seule voix. Celle de la conscience paraît jurer parfois avec celle du sentiment, et qui peut se vanter d’avoir l’oreille assez ?ne pour toujours démêler leur concert ? Marivaux, lui, l’entend et le fait entendre. Sa langue polie et vibrante ne laisse jamais oublier qu’à tout moment la musique des coeurs peut tourner à la cacophonie, voire au chaos. Rien n’est tout à fait prévisible, car « la durée du personnage marivaudien, » note Françon, est celle d' »un roman impromptu » dont l’issue n’est jamais sûre, jusqu’à l’ultime seconde du troisième acte…

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